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uniquement si tu te sens fort(e)

1 juillet 2011

Après quoi tu es allée sur internet, tu as tapé

 

Après quoi tu es allée sur internet, tu as tapé mon nom sur google, tu as vu ma photo, tu as glané quelques informations sur ma vie professionnelle, tu as constaté que je n'étais inscrit ni à copainsd'avant, ni à trombimachintruc, tu n'as pas récupéré grand-chose. Mais le lendemain ou le surlendemain, tu as refait la même recherche en tapant mon nom à l'envers, on ne sait jamais avec ces moteurs à la con. Tu  as regardé si tu trouvais mon numéro sur le site des pages jaunes, il y était, tu m'as envoyé un texto, j'ai alors compris que tu voulais qu'on se revoie. Je t'ai donné un rendez-vous auquel je ne suis pas allé et pour cause, j'étais devant ma télé en train de regarder 90' Enquêtes sur TMC. Un numéro consacré aux flics de nuit à Paris, ça me disait bien de regarder parce que je m'étais fait ramasser complètement bourré boulevard Barvès quelques mois auparavant et une caméra de TMC avait filmé mon arrestation, le trajet en bagnole, l'arrivée au commissariat de la Goutte d'Or, ma gueule décomposé derrière la vitre dégueu de la cellule et ma déposition confite le lendemain matin. L'émission était pas mal comme toujours, on avait un bon aperçu des méthodes policières, de l’état d’esprit des flics et de la fascination qu’ils exercent. Dans mon cas pas de problème, les mecs s’étaient bien comportés, à part l’inspecteur qui m’avait chopé, une vraie tête de con, je me souviens en attendant de passer à l’éthylotest lui avoir fait une remarque sur sa tronche, il avait envie de me foutre un coup de boule. Après je n’ai eu à faire qu’à des petits jeunes dont la plupart avaient des accents de province. J’ai évité de les faire chier, ils ont évité de me faire chier, tu sentais qu’ils avaient envie d’avoir la paix. Dans la pénombre du sous-sol,  les deux gardiens de la paix lisaient des magasines en attendant la relève. De temps en temps, un gardé à vue tapait contre la vitre de sa cellule, ils attendaient de voir si le mec insistait vraiment et se levaient alors lentement, lassitude de ceux qui connaissent la musique. Quand leurs geôles ont été pleines, ils m’ont sorti de la mienne et m’ont assis sur un banc quasiment en face d’eux, sans prendre la peine de me menotter, m’invitant à m’allonger, sans le tutoiement de rigueur et qui me met tellement en colère lorsque je regarde ces enquêtes soi-disant chocs. Ce que je déteste par-dessus tout, ce sont les opérations de police au petit matin dans les cités, quand les flics aidés par des unités dites d’élite cassent des portes –souvent pas les bonnes – débarquent en hurlant dans des appartements et tombent à quatre ou cinq sur des types souvent endormis et repartent avec leur proie saucissonnée, sans un mot, une parole gentille pour la mère, l’épouse ou le môme  qui pleure ou les insulte en pure perte. Aussi minable que les américains débarquant dans la baraque de Ben Laden. Non, ces émissions sont surtout intéressantes dans le traitement de la petite délinquance, les arrestations, les auditions, les présentations devant le juge. Elles sont si nombreuses et les flics, surtout parisiens et marseillais, tellement habitués aux caméras que ces reportages deviennent sans le vouloir des instruments de vérification : le citoyen soucieux de connaître l’état de sa police s’y fera une idée sans doute plus juste que dans des documentaires à charge. Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça. Certainement pas pour m’excuser du lapin, la faute à ton insistance qui me parait être une manière d’essayer de te travestir  en amoureuse victime, d’ajouter au revers de ta vie un peu fade une petite médaille de souffrance dont l’aiguille mal placée te chatouille le sein droit, celui que je t’ai longuement léché en te masturbant.

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